mardi 5 juillet 2016

Tomber sept fois, se relever huit" (Philippe Labro, éd. Albin Michel, 2003) - 2


"D'une manière ou d'une autre, tout le monde a tenté de décrire ce qui est indescriptible. Le matin au lever, premier pas sur le sol, un vertige vous saisit. Vous vous rattrapez au mur, à la porte du placard. Ce faisant, vous vous apercevez que vous tremblez. Vous passez devant une glace. Vous regardez ce type qui n'est pas vous. L'horreur de la situation, soudain, vous frappe comme un coup derrière la nuque. Alors, il faut s'asseoir sur le rebord du lit. Vous ne pouvez plus avancer. Vous n'osez plus repasser devant la glace. Vous êtes face au rien, au néant. Nietzsche a écrit : "Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi."

Eh bien, voici le terme exact : l'abîme me regarde. Je suis face au gouffre de la perte des sens, au rien qui se cache derrière le pourquoi des choses. Je sens que je suis regardé par du vide et du noir, l'absence de toute humanité, de toute grâce, toute croyance. Je ne crois plus en rien. Je ne crois plus en moi." (p.45)